Exposition des diplômé·es 2025

Pour la quatrième année consécutive, l'école des Beaux-Arts de Marseille a le plaisir de présenter l'exposition de ses diplômé·es. Pensée comme une œuvre collective, cet événement vient clore le cursus des diplômé·es et leur offre un tremplin à leur sortie de l'école. 

Après le succès des expositions Habitacles dont le commissariat a été assuré par Jeanne Mercier, puis DRIFT - Dérapage contrôlé par Karin Schlageter, et enfin Campus Panic avec Salma Mochtari, c'est au tour de Line Ajan d'accompagner les jeunes artistes et designers. 

Dates

Du vendredi 29 août au dimanche 28 septembre 2025 Friche la Belle de Mai — La Tour

Intitulée  Entre deux eaux, l'exposition des diplômé·es de l'école des Beaux-Arts de Marseille s'inspire à la fois du contexte local de Marseille - une ville bordée par la Méditerranée au sud et à l'ouest - et de la sensation troublante de flottement, entre deux réalités, qui accompagne le moment de transition qu'est la sortie de l'école d'art et de design.  

L'exposition s'appuie d'abord sur la prédominance des questions écologiques, territoriales et sociopolitiques dans les pratiques des 39 étudiant·es diplômé·es en art et design en 2025. Un contexte mondial d'instabilité s'inscrit en filigrane de l'exposition, tandis que l'on devine un paysage intranquille où une « violence lente »[1] se déploie : politiques discriminatoires, conséquences environnementales de la colonisation, des guerres impérialistes et des politiques néolibérales, et autres extractivismes. A priori invisible et dispersée dans le temps et l'espace, cette violence, auparavant lente et sourde, est devenue de plus en plus bruyante ces dernières années : les violences policières en France et les guerres contre la Palestine, le Liban, et le Congo sont quelques-uns des événements historiques qui ont entouré la production de ces œuvres - et qui y sont parfois mentionnées.   

Réalisées pour la plupart entre 2023 et 2025, certaines des œuvres émanent d'inquiétudes vis-à-vis de ce contexte, ainsi que des craintes plus situées liées au « vide de l'après école »[2].  Cet entre deux eaux fait écho aux conditions ambivalentes des artistes récemment diplômé·es : des perspectives que l'on espère prometteuses, mais une réalité économique souvent précaire. Quitter l'école d'art pour entrer dans un monde marqué par une constellation de crises interconnectées - environnementales, économiques et sociopolitiques - soulève des questions tant matérielles qu'existentielles. Dans ce monde chancelant, prêt à basculer à tout moment, certain·es étudiant·es choisissent de jouer de cette sensation de flottement, propre à diverses phases transitionnelles - allant du passage à l'adolescence jusqu'à la sortie de l'école d'art et de design.   

D'autres pratiques s'attardent sur ce qui relie dans l'entre-deux, ou comment l'eau agit comme vecteur. Elles s'attachent aux transmissions d'histoires diasporiques, de mémoires familiales et culturelles, et de luttes intergénérationnelles. Si ces œuvres prennent pour points de départs des expériences intimes, elles résonnent néanmoins avec des réalités partagées et des futurs à réenchanter. C'est ainsi que ces jeunes pratiques s'apparentent à « la mer [qui] comme un scandale de bleu, un fracas du désir / accentue le monde »[3] qui nous entoure.  

[1] Rob Nixon, Slow Violence and the Environmentalism of the Poor, Harvard University Press, 2013

[2] Olivier Bertrand, Clémence Fontaine, Chloé Horta (Eds.), Comment survivre après l'école d'art ?, surface utiles/ l'erg, 2020

[3] Karim Kattan, « C'est quand la lumière entre [Knossos] », Hortus Conclusus, L'extrême contemporain, 2025, p. 39

Communiqué de presse

Line Ajan est curatrice et traductrice franco-syrienne vivant à Marseille. Ses recherches portent sur l'utilisation subversive de l'image en mouvement et du langage au service de politiques dissidentes. Dans cette optique, elle se concentre sur les approches féministes, les perspectives diasporiques et les histoires transnationales. Ces intérêts se reflètent dans différentes expositions qu'elle a organisées, telles que : Unbound. Performance as Rupture à la Julia Stoschek Foundation, Berlin ; mine is a warm hole à afterhours, Paris ; et The Location of Lines au MCA Chicago. Son affinité avec la traduction, le féminisme intersectionnel et la pensée décoloniale l'a amenée à rejoindre le collectif Qalqalah قلقلة (lien externe)  en 2019, faisant des approches collaboratives une partie de sa pratique et un sujet de recherche, comme en témoigne le projet hybride The Collective Laboratory qu'elle a co-curaté au Mudam Luxembourg en 2022.  

Line a bénéficié des bourses curatoriales Barjeel Global Fellowship au MCA Chicago (2019-20), et la Allen and Overy Curatorial Fellowship au Mudam Luxembourg (2022-23). Elle a également été curatrice associée à la Julia Stoschek Foundation entre 2023 et 2025.

Entre 2017 et 2022, elle a occupé différentes fonctions à la galerie Imane Farès, qu'elle a par la suite dirigé.  Ses écrits ont été publiés dans Metropolism M, Art Asia Pacific et Texte Zur Kunst, ainsi que dans des ouvrages collectifs comme Ce que la Palestine apporte au monde et A World History of Women Photographers.  

  • Exposition des diplômé·e·s 2024

    31 août
    13 octobre 2024

    « 51 artistes et designers aux travaux à la fois singuliers et faisant tous échos aux tumultes qui rythment le présent »
    — Salma Mochtari, chercheuse et curatrice de l'exposition