Campus Panic Exposition des diplômé·e·s 2024

« 51 artistes et designers aux travaux à la fois singuliers et faisant tous échos aux tumultes qui rythment le présent »
— Salma Mochtari, chercheuse et curatrice de l'exposition 

Dates

Du samedi 31 août au dimanche 13 octobre 2024 Friche la Belle de Mai — La Tour

Pour la troisième année consécutive, l’école des Beaux-Arts de Marseille a le plaisir de présenter l’exposition de ses diplômé·e·s. Inaugurée le 30 août 2024 à l’occasion du vernissage du salon Art-o-rama, l’exposition sera ouverte au public pendant plusieurs semaines et ponctuée de temps de médiation pour la rendre accessible au plus grand nombre.

Pensée comme une œuvre collective, cet événement vient clore le cursus des diplômé·e·s et leur offre un tremplin à leur sortie de l’école. Après le succès des expositions Habitacles dont le commissariat a été assuré par Jeanne Mercier, puis DRIFT — dérapage contrôlé par Karin Schlageter, c’est au tour de Salma Mochtari, chercheuse et curatrice, d’accompagner les jeunes artistes et designers.

Membre du collectif curatorial et éditorial Qalqalah ةلقلق depuis 2020, la pratique de Salma Mochtari prend souvent appui sur les circulations conceptuelles entre les champs de l’art et la philosophie contemporaine. À partir des cas spécifiques des absences archivistiques et des études noires, elle travaille les généalogies présentes et à venir entre les études critiques contemporaines, décoloniales et queer.

À l’occasion de Campus Panic, elle dévoile les œuvres et les productions qu’elle a spécifiquement sélectionnées pour ce grand rendez-vous annuel. Peintures, installations, prototypes, vidéos, performances, objets, photographies... prennent place au sein de l’espace d’exposition témoignant ainsi de la vitalité de la scène contemporaine.

Assemblées autour d’une narration commune, les pièces présentées conservent toutefois leur singularité et l’esprit de leur auteur·rice. Dans une époque tourmentée comme celle que nous traversons, cette jeune génération créative porte en étendard ses espoirs communs et ses revendications intimes pour participer à la construction d’un monde nouveau.

Campus Panic

À la levée du jour et à la tombée de la nuit, dans son microclimat et sa biorégion qui le distinguent du centre-ville, le campus des Beaux-Arts de Marseille à Luminy, aux portes du Parc national des Calanques, offre des paysages éblouissants. Il dégage aussi une douce inquiétude, latente. Sans jamais qu'on sache ce qui se cache exactement derrière elle, comme au début d'un thriller qui pourrait tout autant devenir un coming-of-age qu'un Hitchcock. Peut-être est-ce l'ombre orangée des sangliers ou des renards qui sillonnent ce territoire peuplé d'étudiant·exs et de professeur·exs le jour, de créatures réelles et fantastiques la nuit. Ses qualités architecturales permettent des déambulations multiples, parfois sinueuses, entre ses bâtiments et patios - chaque trajet devenant une aventure en soi. C'est à partir de ce lieu que Campus Panic propose d'approcher les pratiques des artistes et des designers diplômé·exs des Beaux-Arts de Marseille. L'expression campus panic renvoie spécifiquement à la centralité1 de la notion de campus dans la lecture de certains événements géopolitiques, des manifestations anti-guerre au Vietnam sur les campus américains aux mobilisations qui se sont opposées - et continuent à le faire - à la guerre contre les Palestinien·nes à Gaza et en Cisjordanie1. Le campus devient ainsi un fantasme et un mythe, sans délimitation géographique spécifique. En empruntant à cette expression la centralité d'un campus qui n'est pas un lieu, mais un paradigme, à la fois fantasmé et producteur de codes, de pratiques et de relations, l'exposition rassemble ainsi 51 artistes et designers aux travaux à la fois singuliers et faisant tous échos aux tumultes qui rythment le présent. Si à Luminy, l'inquiétude est souvent douce, c'est face aux troubles du monde qui les entoure que les artistes produisent et que certain·exs s'engagent. Avant qu'il ne soit un huis clos ou un lieu de retrait, le campus est donc une condensation du monde et nous permet de partir d'un territoire précis - avec des œuvres qui mobilisent le paysage et sa représentation - pour traverser l'inquiétude, latente, d'un contemporain ébranlé par les crises et les angoisses, vers des travaux qui se proposent de mobiliser l'archive pour répondre aux vertiges, de détourner les symboles et les mythes, d'investir des rituels et des imaginaires mystiques pour s'installer enfin dans une sorte de tendresse, affrontant les traumatismes et les assignations dans des gestes plus frontalement tournés vers la société. Pour que la panique change de côté.

Salma Mochtari, commissaire de l'exposition Campus Panic

Aller plus loin

Voir à ce sujet l'éclairante analyse de Samuel Catlin, chercheur en études juives à l'Université de Buffalo, in "The Campus Does Not Exist", Parapraxis 4, été 2024. 

Salma Mochtary

Salma Mochtari est chercheuse et curatrice basée entre Marseille et Arles. Membre du collectif curatorial et éditorial Qalqalah ةلقلق depuis 2020, sa pratique prend souvent appui sur les circulations conceptuelles entre les champs de l'art et la philosophie contemporaine. À partir des cas spécifiques des absences archivistiques et des études noires, elle travaille les généalogies présentes et à venir entre les études critiques contemporaines, décoloniales et queer.

Elle a été responsable de la programmation discursive à KADIST Paris entre 2020 et 2022, où elle a développé une programmation éditoriale et curatoriale ancrée dans les enjeux sociaux et politiques contemporains. En 2022, elle est affiliée à la coopérative de recherche des Beaux-Arts de Clermont où elle travaille "Ce que les Black Studies nous font faire".

Depuis 2023, elle est chargée de recherche à LUMA Arles où elle développe une programmation discursive et éditoriale à l'intersection de l'art et des sciences humaines et sociales. En 2023, elle est rapporteuse pour les Prix AWARE et mène avec Qalqalah ةلقلق Losing Ground, une résidence de recherche sur les disparitions institutionnelles (au Kunstencentrum Buda, Belgique, avec l'artiste Mounira al Solh et les curatrices Line Ajan et Virginie Bobin), et Enough History, une programmation discursive sur les politiques du dire-vrai (avec la curatrice Virginie Bobin, au Tanzquartier à Vienne, Autriche).

Elle a présenté ses recherches dans plusieurs écoles d'art, universités et centres d'art tels que la Villa Arson (2022), ESAAA Annecy (2022), Tanzquartier à Vienne (2022), Tashweesh Festival (2022), MEP Paris (2023), Beaux-Arts de Marseille (2023), Mudam Luxembourg (2023), Mucem - Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (2023), CAPC Bordeaux (2023) et a écrit sur les œuvres d'artistes établi·es et émergent·es tels que Louisa Babari, Cindy Bannani, Salim Bayri, Diyae Bourhim, Rahima Gambo, Rose Lowder, Randa Maroufi, Ghita Skali, Renee Stout et Ruth G. Waddy   

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